Rumeurs et humilité
Vous vous rappelez la rumeur qui stipulait que Marilyn Manson s'était fait enlever les côtes pour s'auto-fellationner? Ou plus proche de nous, celle que Korine Coté et Guillaume Pineault sortaient ensemble ? D'ailleurs, ces derniers ont fait une vidéo très drôle pour démentir ce qui circule depuis quelques jours.
Pour Marilyn Manson, on ne le saura jamais.
Quant à moi, une rumeur circule depuis plusieurs mois et je dois avouer que je commence à être tannée. Pour pas dire irritée.
Et Dieu sait combien il y en a eu à mon sujet.
À ce qui parait, je suis lesbienne.
J'ai déjà été enceinte.
J'ai mangé le bébé.
Des rumeurs, y'en a eu et elles ont toute été un peu divertissantes.
Là où le bas blesse, c'est quand la rumeur attaque un point faible.
J'ai peur d'être rejetée. Et, en aucun moment, je n'aimerais le faire vivre à quelqu'un d'autre.
À ce qui parait, j'aurais une entente avec ma boîte de production, Entourage, pour qu'elle n'ait pas le droit de signer une autre fille que moi. Aucune humoriste femme n'aurais le droit d'être signée par mon agence.
Autrement dit, je manque terriblement de confiance et j'exige être les seuls ovaires de mon Entourage.
Ce qui me chicotte, c'est que cette rumeur ‘'fit‘' avec moi.
Je suis une fille fière qui aime être la seule de sa catégorie à faire des choses et j'aime me sentir spéciale.
Au début de ma carrière, il y a de cela 15 années, j'aurais été du genre à dire quelque chose comme ça. Le manque de confiance qui m'accompagnait comme humoriste femme qui fait partie d'un maigre cercle de comparses me donnait la chienne. Chaque fois qu'une fille réussissait, j'avais peur de perdre ma place. D'être remplacée. Nous étions tellement peu nombreuses que chaque fille qui rayonnait, dans ma tête, faisait de l'ombre à l'autre qui venait de rayonner.
C'est avec le temps que je me suis rendue compte à quel point, l'envie et la jalousie sont deux amies très proches de la peur. J'avais peur de ne plus être la fille de ma génération. Et à un moment donné, j'ouvre les yeux et me rend compte que la meilleure chose qu'il puisse arriver à une fille dans quelconque milieu, c'est que d'autres filles excellent et soient encore meilleures. Si nous avons quelqu'un de qui s'inspirer, aussi bien que ce soit une excellente et triomphante.
Envieuse, je l'ai été, longtemps. Quand Katherine Levac, Virginie Fortin, Rosalie Vaillancourt, Maude Landry, Mélanie Couture, Mélanie Ghanimé, Eve Côté, Cathy Gauthier, Korine Coté, Christine Morency, Silvi Tourigny et toutes les autres font une bonne blague, ont un spectacle populaire, ont une intervention pertinente en public, ce n'est pas bénéfique uniquement pour l'une d'elles. Ça l'est pour nous toutes.
Chaque fois qu'une fille de mon milieu fait quelque chose de drôle et coup de poing, c'est chacune d'entre nous qui réussissons un peu plus.
Mais, il y a quelques années, je ne le voyais pas ainsi. J'avais peur.
Donc non. Je n'ai pas exigé d'être la seule fille représentée par ma gérance/production.
La carapace que j'ai est mince. Feuille de papier mince. J'en ai une par peur de me faire rejeter. En vrai, je rêve de faire partie d'un gros groupe. Aimée par celles que j'admire.
J'ai longtemps vu les femmes en humour comme une compétition.
Aujourd'hui, nous sommes un échelon sur qui s'appuyer pour monter plus haut.
J'aimerais tendre la main et aider. Non pas la couper.
Et j'écris ces lignes en toute humilité : envier, c'est normal. C'est saint. Exiger de ne pas être entourée de celles qui pourraient nous solidifier, c'est faux. C'est cave. Et c'est limite blessant de penser que je puisse détester à ce point mes comparses.
Quand une femme brise un record olympique, se présente aux élections, découvre un nouveau remède et écrit la meilleure blague de noune, ce sont toutes nous qui en bénéficions.
Les filles, je vous aime. Même si vous me faites chier des fois d'être aussi cool.
Mariana xxx